Moi, je lisais, lisais. J’avais toujours le nez plongé dans un bouquin. Je me faisais engueuler par ma mère « il y a les couverts à mettre ! » et moi je ne bougeais pas, je restais dans mon livre.
J’ai de la lecture une image d’interdiction. Je suis issue d’une famille d’intellectuels. Il y avait des livres partout, toutes sortes de livres, des neufs, des vieux… Mais surtout pas de B.D. Aux yeux de mes parents la B.D. ce n’était pas de la littérature et cela nous était interdit. J’achetais donc en cachette "les Cœurs vaillants", épisodes à suivre chaque semaine. Je lisais mon numéro sur un banc public puis je le jetais avant de rentrer chez moi.
Je ne me souviens pas des livres de mon enfance. J’en ai lu, ça oui, mais je ne m’en souviens plus. Le premier dont je me souviens, c’est le journal d’Anne Franck. Ça a été une révélation, j’ai découvert qu’il y avait des choses que je ne connaissais pas, des gens, leur façon de vivre, leur monde…. Et qu’en lisant je pourrais les découvrir. Ça ne m’a jamais quitté. Je n’aime pas les romans, j’aime toujours les biographies, la vie des gens. ... Tiens, c’est amusant ! Maintenant que l’on parle, je me dis que…. c’est bizarre cette relation entre le journal d’Anne Franck et mon mariage avec un juif.
Il n’y a peut-être pas de hasard en fait.
Ce qui m’a incitée à devenir bénévole est lié à une période difficile de mon enfance : j’ai perdu ma maman très jeune et le livre a été un refuge, un bon compagnon pour les soirées tristes. J’ai continué à lire.
Les livres aident beaucoup et ils sont si faciles à emporter.
Entretien réalisé par l’association "Mots et Regards"
Rencontre nationale de Lorient - 2008